Exposition 1 - Le mouvement ouvrier étudiant (1974-1992)
Emplacement de l’exposition physique: Prendre le couloir de gauche du hall d’entrée du bâtiment McCall MacBain Arts. Le tableau d’affichage de l’AÉÉDEM se trouve sur le côté gauche de ce couloir, près du département d’anglais.
Même si l’AÉÉDEM a été officiellement accréditée en 1993, l’histoire de l’organisation des travailleurs étudiants diplômés à McGill commence dans les années 1970 avec la McGill Teaching Assistants’ Association (MTAA). Les archives de l’AÉÉDEM offrent un aperçu des initiatives qui ont jeté les bases de la formation du syndicat.
Les étudiants diplômés de McGill impliqués dans les premiers efforts de syndicalisation des auxiliaires d’enseignement se sont inspirés des vastes campagnes de syndicalisation menées dans les universités du Canada. En 1975, la Commission des relations de travail de l’Ontario (CRTO) a confirmé que les auxiliaires d’enseignement sont des employé.e.s et ont le droit de s’organiser et de négocier collectivement (Graduate Assistant’s Association c. Université York, décisions de la CRTO, septembre 1975). Alors que des efforts de syndicalisation réussis ont émergé principalement dans les universités de l’Ontario et de la Colombie-Britannique dans les années 1970 et 1980, les étudiant.e.s de McGill ont formé la MTAA en 1974 pour défendre les étudiant.e.s aux cycles supérieurs sur le campus.
La MTAA a facilité des projets de sensibilisation et a attiré l’attention sur les préoccupations des auxiliaires d’enseignement à McGill. Même si elle n’était pas légalement accréditée comme syndicat, les militants de la MTAA, avec de très sérieuses inquiétudes, ont réussi à forcer McGill à entamer des négociations sur les questions touchant les étudiant.e.s aux cycles supérieurs.
“Teaching Assistants, by virtue of both their education and the many hours of preparation they must spend specifically in fulfillment of their jobs, are an integral part of the teaching staff at the University, a part which could not be eliminated without gravely prejudicing the quality of undergraduate instruction…"
—McGill Senate Report of the Ad Hoc Committee to Investigate the Employment of Graduate Students in a Teaching Capacity, December 17, 1975.
En réponse à la création de la MTAA, le Sénat de McGill a créé un comité spécial chargé d’enquêter sur l’emploi des étudiant.e.s aux cycles supérieurs à titre d’auxiliaire enseignant. Le comité a présenté un rapport au Sénat en décembre 1975. Le rapport concluait que les auxiliaires étaient partie intégrante du personnel enseignant de McGill et faisait plusieurs recommandations, notamment une semaine de travail de 12 heures et des augmentations annuelles du coût de la vie comparables à d’autres membres du personnel. Malgré les recommandations favorables du comité, les accords n’ont pas été respectés par l’administration de l’université. En fin de compte, attendre que l’employeur tienne ses promesses a bloqué les efforts de syndicalisation des auxiliaires d’enseignement de McGill.
“In addition we urge that members of the Senate undertake to use their influence to ensure that the stipends of Teaching Assistants are at a level commensurate with the responsibilities undertaken by them, and competitive with similar positions at comparable Canadian universities, and to ensure, further, that the salaries of Teaching Assistants are indexed or augmented so as to increase as the cost-of-living increases, in a manner comparable to the salaries of full-time staff.”
—McGill Senate Report of the Ad Hoc Committee to Investigate the Employment of Graduate Students in a Teaching Capacity, December 17, 1975.
Lorsque McGill refusa à mettre en œuvre la résolution du Sénat en raison de la nature non contraignante du rapport, la MTAA a riposté. Du 2 au 12 février 1976, la MTAA lança une grève illégale de 8 jours. Il s’agissait de la première grève des auxiliaires d’enseignement au Québec. Près de deux décennies avant la création d’un autre syndicat d’auxiliaires d’enseignement dans la province, la MTAA avait obtenu de McGill des concessions majeures : un taux de salaire de base pour tous les auxiliaires, des augmentations du coût de la vie et une semaine de travail maximale de 12 heures.
Malgré des victoires significatives, la MTAA a dû faire face à un certain nombre de défis, car McGill revenait fréquemment sur les accords non contraignants qu’elle avait précédemment acceptés. Dans les années 1980, des militant.e.s aux cycles supérieurs, préoccupés par la situation des auxiliaires d’enseignement, ont entamé des discussions sur l’accréditation légale en tant que syndicat, en partie en réponse à l’évolution du droit du travail au Québec. Galvanisée par une grève des préposés à l’entretien de McGill, la MTAA a menacé de se syndiquer en janvier 1980. Ainsi, la mémoire de l’université a été rafraîchie et le comité sénatorial spécial s’est réuni de nouveau. Ils sont entendus à un accord avec la MTAA sur les points suivants : établir des lignes directrices pour les auxiliaires de la Faculté des arts et instituer un premier et unique ajustement au coût de la vie, initialement promise en 1975.
Cependant, au cours des années 1980, la MTAA a perdu de son élan car sa base d’organisation se limitait principalement à la Faculté des arts et les progrès étaient bloqués dans l’amélioration des conditions de travail de tous les auxiliaires d’enseignement. En conséquence, l’Association étudiante des cycles supérieurs de l’Université McGill (AÉCSUM), a assumé la responsabilité de défendre les employé.e.s aux cycles supérieurs. David Schulze, étudiant en histoire à McGill et ancien cadre de PGSS, a mené une enquête sur les conditions de travail des auxiliaires et a produit le rapport Schulze (1986), qui suggérait une situation « décourageante » pour les auxiliaires et recommandait la syndicalisation. En réponse, l’AÉCSUM a créé le Teaching Assistants’ Organizing Committee (TAOC) pour répondre aux griefs des auxiliaires de McGill. Malheureusement, les négociations décentralisées entre les différentes facultés, le roulement des représentants de l’AÉCSUM et l’absence de progrès avec la direction ont perturbé le TAOC. À la fin des années 1980, les étudiant.e.s aux cycles supérieurs ont jugé irréaliste le travail difficile de syndicalisation des auxiliaires. L’idée d’un syndicat a été relancée par l’AÉCSUM en 1990.
“The lessons of our history are obvious: unless we organize and maintain constant vigilance over our employers we shall not even succeed in attempts to preserve our existing advances.”
—Schulze Report, 1986.